La vie familiale
La naissance : accoucher est un mal joli, quand c’est fini, on en rit.
Au dernier moment, on allait chercher la sage-femme au village voisin, avec un cheval et une carriole.
En 1928, il fallait 1h30 pour aller à Villacerf, chercher Mlle Marquet, et autant pour en revenir.
Parfois la neige et l’absence de signalisation retardaient la venue de la sage-femme.
Seules, la mère de l’accouchée et (éventuellement une voisine) apportaient leur aide, l’homme n’assistant jamais à l’accouchement.
Les conditions et les moyens sanitaires entraînaient la mort de nombreux enfants (environ 30 % en 1900), voire de la mère atteinte de fièvre puerpérale.
Parfois, hélas, on devait choisir entre la mère et l’enfant.
A la fin des années 30, Armantine Villat (Mme Natole) était toujours présente pour assister la sage-femme. La déclaration et la présentation de l’enfant étaient souvent faites le jour de la naissance à la mairie.
Jusqu’à la Révolution, seul le baptême était enregistré. La déclaration obligatoire des naissances sur les registres d’état civil est entrée en application à partir de 1792 (voir : Effectifs et patronymes).
Marie-Christine Thiébaut est la dernière enfant à être née au domicile dans le village en 1959, les accouchements ayant lieu ensuite systématiquement en maternité.
Au début du XXème siècle, 98 % des enfants étaient baptisés. A cette occasion, garçons et filles portaient une longue robe blanche extrêmement ouvragée. Des dragées étaient distribuées au curé, aux enfants de chœur, aux invités et lancées avec quelques piécettes aux enfants présents à la sortie de l’église. Cette coutume s’est perpétrée jusqu’au milieu du siècle.
L’enfance :
Le bébé, le plus souvent nourri au sein par sa mère, mais parfois aussi au biberon, était élevé par ses grands-mères pendant que les parents travaillaient aux champs.
Il n’existait pas d’école maternelle à Le Pavillon Sainte Julie, alors, les enfants n’étaient scolarisés qu’à partir de 5 ans et jusqu’au certificat d’études qu’ils passaient vers 11/12 ans, âge auquel ils commençaient à travailler à plein temps.
En effet, dès l’âge de 7 ans, ils avaient déjà aidé leurs parents aux travaux agricoles, en allant chercher de l’eau au puits, en râtelant, en rentrant du bois pour la cuisinière ou en donnant à manger aux animaux.
Vers 12 ans les enfants faisaient leur première communion, c’était une occasion de rassembler la famille. Seuls le parrain et la marraine offraient des cadeaux.
Le mariage :
Les jeunes sortaient en groupe tous les dimanches et n’hésitaient pas à se rendre, à pied jusqu’à Payns (8 km) pour aller danser au bal. Mais les rencontres étaient souvent provoquées par les familles lors des fêtes et surtout lors des mariages et concernaient généralement des habitants des villages voisins.
A la cérémonie du mariage, au moment précis où la jeune mariée répondait oui à la question posée par la Maire, les jeunes hommes du pays tiraient des coups de feu en l’air pour exprimer, symboliquement, leur désaccord à l’enlèvement d’une jeune fille.
Quelques éléments de la vie quotidienne avant 1950 :
La vie quotidienne était rythmée par des évènements récurrents simples, suivant le cours des saisons (moissons et battage, récoltes, confitures, lessives, abattage du cochon, …) et les évènements particuliers liés à chaque famille (naissances, mariages, décès, …).
L’ensemble de ce quotidien était moins aisé et confortable que ce que nous connaissons maintenant mais cela favorisait les activités communes au sein de la famille et du village.
Le chauffage : chaque habitation comportait au moins une cheminée et était désignée selon le nombre de ses pièces à feu. Le combustible employé était principalement du bois de sapin associé, beaucoup plus tard, au charbon que l’on brulait aussi dans les poêles et les cuisinières.
Chico (alias Albert Linard) avait l’habitude de brûler des troncs entiers qu’il faisait avancer dans l’âtre au fur et à mesure de leur combustion. Presque toutes les maisons avaient un four à pain, comme celui qui existe encore au 10 rue Royale.
La nourriture : cuisinières et cheminées servaient autant au chauffage qu’à la cuisine ; pour les cheminées, équipées de crémaillère, on se servait de chaudrons et poêlons à long manche, les marmites et les casseroles étaient pour les cuisinières. On y préparait presque exclusivement les productions de la ferme. En effet, chaque famille récoltait à peu près de quoi nourrir famille et bêtes.
De nombreuse occasions rassemblaient tous les membres de la famille, voire, une partie du village ; par exemple l’abattage du cochon et la dégustation du boudin chaud accompagné d’un verre de vin ou de gnôle.
La batterie : l’été et l’automne, après la moisson, on louait la locomobile qui faisait office de moteur pour actionner la batteuse à grains. La locomobile actionnée au charbon, (ici chez André Laurent) était une machine à vapeur et remplaçait depuis les années 1900 l’ancien manège, extension de certaines granges, où 1 à 3 chevaux tournaient autour d’un axe en entraînant un mécanisme. Un des derniers manèges du village est situé au 18 rue de la Croix Huchard.
La communication : en dehors d’évènements importants tels que les mariages, les habitants quittaient peu le village ; les déplacements moins aisés et moins rapides que maintenant étaient aussi plus rares. Il fallait compter avec le temps, car on allait souvent à pied ou avec un cheval attelé d’une carriole qui n’allait guère plus vite que 6 ou 7 km/h. Les rues n’étaient pas très encombrées et l’on pouvait se déplacer à vélo très facilement.
La première voiture automobile fut achetée vers 1912 par Albert Huchard : c’était une Mors Torpédo de 18 cv.
Puis, progressivement le parc automobile s’agrandit, qui se souvient des indestructibles 203 Peugeot.
Mais en 1923 la vitesse fut limitée dans la traversée du village à 12 km/h ! Le Pavillon Sainte Julie compte maintenant un passage d’environ 2.000 à 2.500 véhicules par jour et la limitation de vitesse, désormais à 50 km/h, est bien souvent malmenée.
L’installation du téléphone dans le village demanda de nombreuses années d’attente : une enquête préalable à l’installation d’une ligne téléphonique eut lieu en 1910, en 1936 il n’y a toujours pas d’abonné, mais il existe une cabine, en 1962, 4 personnes sont abonnées (Abel Delorme, Robert Devilliers, Charles Lutel et Jack Maudoux).
Les premiers postes de radio T.S.F. (Téléphonie Sans Fil) furent achetés en 1937 par Numa Fleury et Charles Benoit, et la première télé, par Robert Devilliers en 1955.
Le confort : les activités agricoles et ménagères occupaient beaucoup de temps et demandaient de l’énergie, car jusqu’en 1934, tout devait se faire sans électricité. En effet, l’électrification du village, décidée en 1926, ne prit effet qu’en 1934 et l’éclairage des rues, décidé en 1965, ne fut installé qu’en 1967. On s’éclairait donc à la bougie, à la lampe à pétrole puis à la lampe à gaz et la vie ménagère se faisait sans aspirateur, sans réfrigérateur, sans fer à repasser électrique, et sans machine à laver, etc.
La lessive : en l’absence de machine à laver, la lessive était faite à la main, dès que le temps le permettait, une fois par mois, pour le linge courant, deux fois par an pour les grosses lessives et pouvait durer plusieurs jours après un hiver rigoureux ! En attendant, le linge sale était entreposé sur un fil dans le grenier, au chaud et au sec.
La lessive se faisait dans des baquets appelés cuviers, à l’aide d’eau chaude, de cendres et de cristaux.
Plus tard on utilisa des lessiveuses à champignons en tôle galvanisée dans lesquelles on faisait bouillir la lessive avec des cristaux de soude ou de la saponite.
L’eau utilisée pour le blanc (le léchu), était récupérée pour la couleur.
La première machine à laver fut achetée par Olga Devilliers en 1955.
L’habillement : les vêtements étaient essentiellement des tenues de travail, sauf pour le dimanche où l’on mettait de beaux habits pour aller à la messe. On portait un chapeau et on quittait ses sabots de bois pour des chaussures en cuir.